(1970)
Pelerinage
Il fallait que je fasse un pélerinage;
J'ai refait cette digue
Que nos pieds ont foulé
Pendant des heures entières.
J'aurais peut-être dû m'asseoir
Où tu t'étais assis.
J'aurais voulu marcher longtemps
Si je n'avais pas eu peur d'être seule.
Le ciel était bleu, le soleil était chaud,
Des mouettes volaient deux par deux
Et piaillaient longuement.
C'était leur chant d'Amour.
Au travers d'un gros nuage gris
Les rayons du soleil tombaient sur l'ile,
Sur les dunes, que le souffle du vent
Avait quittées pour un instant.
Le soleil se couchait dans les pins
Donnant un aspect d'or à la forêt.
Les voiliers se dispersaient peu à peu
Et le silence devenait plus profond.
Les mouettes criaient encore
Comme pour me faire remarquer
Que rien n'était fini
Que la vie continuait comme avant.
Non, la vie ne s'est pas arrêtée
Malgré la tristesse de ton départ.
La vie continue monotone
Car maintenant je suis seule.
A présent plus un bruit
Que le vide du silence.
Un silence oppressant
Que je n'aurais voulu briser.
Et les mouettes s'enfuyaient.
Le vent s'était tu.
La mer était un lac
Son calme était effrayant.
Sans bruit elle recouvrait
Les algues et les bouchots
Et le sable juste tiède
Chauffé par les derniers rayons.
Il y a longtemps que chaque jour
Le même spectacle s'offre aux yeux,
Et la nature n'a pas gardé les traces
De notre merveilleux Amour.
Le vieil appontement étalait sa grandeur
Et sa vétusté d'un siècle.
Les navigateurs s'enfuyaient :
Ils rappelaient l'été.
Seule ta présence manquait
Dans ce décor de rêve.
La digue était toujours là
Servant de banc aux amoureux.
De là ils contemplaient la mer
Et son infinie profondeur
Son infini silence
Accablant de sous-entendus.
Ce silence nous accuse
Ce silence m'oppresse
Je voudrais crier ton nom
Dans ce silence écrasant .
Seul ton nom si doux
Aurait pu rompre le calme
Et le charme de la nature.
Hélas je n'osais pas crier .
Seuls les pêcheurs avaient disparu.
Maintenant l'avancée de digue
Majestueuse , et l'écluse
Avaient perdu la vie : personne .
E.B.